Nous ne connaissons pas nos richesses

Le trésor de l’hymnologie universelle contient d’innombrables cantiques oubliés dont beaucoup seraient encore utilisables aujourd’hui. Et parmi ceux qui figurent toujours dans les recueils de cantiques, combien sont encore chantés ? Dans un recueil qui en contient 600, c’est à peine si le fidèle en connaît une cinquantaine, ou même une trentaine. On chante toujours les mêmes parce qu’on ne connaît pas les autres. On ne connaît pas les autres parce qu’on chante toujours les mêmes…

Il existe, certes nombre de chants dont le style est dépassé, les paroles incompréhensibles en post-chrétienté (« Suivez toujours l’Agneau »). Les mélodies trop sentimentales ou mal adaptées au texte. Mais dans beaucoup de cas, nos hymnes chrétiens constituent des unités homogènes qui ont défié le temps.

Nos hymnes seront encore chantés quand on ne parlera plus du rock et de la pop music en dehors de l’histoire de la musique

Beaucoup de jeunes les méprisent par réaction ou par ignorance, mais les redécouvrent avec émerveillement une fois les vagues contestataires assagies… Ne devrait-on pas profiter du goût pluraliste actuel pour introduire, même dans les concerts de jeunes, quelques cantiques classiques, rajeunis au besoin par une nouvelle harmonisation ou même une légère adaptation rythmique. Ils seront certainement appréciés par beaucoup d’auditeurs car leur richesse mélodique et leur densité d’expression contrastent de manière heureuse avec la pauvreté de bien des productions modernes.

Le charme de l’ancien

Cette revalorisation de notre héritage ne devrait pas se limiter uniquement à nos recueils usuels, qui contiennent surtout des chants du XIXe siècle. Pourquoi ne pas remonter plus haut à la découverte de trésors enfouis comme on fouille les greniers à la recherche d’antiquités ? Les recueils allemands ou anglais, en particulier, contiennent des joyaux qui attendent toujours d’être traduits en français.

On pourrait, en analysant et en classant méthodiquement le mètre de nos cantiques français mal mariés à une musique inadéquate, essayer de leur trouver un partenaire mieux assorti parmi ces mélodies étrangères. Ajoutons que ces mêmes pays ont produit ces dernières années des recueils contenant un nombre important de compositions plus récentes, tels que par exemple les trois recueils de Jesu Name nie verklinget et les Youth Praise, dont plusieurs mériteraient d’être adaptés en français. L’avantage d’une traduction récente serait d’avoir des textes dépourvus des archaïsmes qui déparent bien des cantiques du passé.

Pour le culte

il faudrait donner une place particulière aux psaumes qui ont été, de tous temps, les porteurs de la louange comme de la supplication des assemblées de croyants : psaumes huguenots, psaumes de Goudimel, adaptations modernes comme dans Psalm Praise, (Falcon, London 1973) chants alternés, etc. Les textes des cantiques de l’Église primitive (voir en Phil. 2, Col. 1 et 2, Apoc.) et des prières de l’Église ancienne (Didaché, écrits des Pères apostoliques, Gloria, etc.) fourniraient aux poètes la matière de cantiques répondant aux besoins des chrétiens d’aujourd’hui qui sont les mêmes que ceux de tous les temps.

Que Dieu nous aide à gérer le patrimoine reçu de nos pères avec la liberté des fils de la maison !

Alfred Kuen