Les exigences du ministère musical

Seront-elles le mieux résumées par ces paroles du célèbre guitariste Lucien Battaglia qui fut l’élève du grand Segovia et que le pasteur R. Barilier a reproduites dans la Nouvelle Revue de Lausanne du 15.12.84. Interrogé sur les rapports de sa pratique musicale avec sa foi en Jésus-Christ, il a répondu ce qui suit :

« Se garder dans l’humilité, pour un artiste chrétien, n’est rien d’autre que l’expression toute simple de la vérité. Qu’as-tu que tu n’aies reçu ? demande l’apôtre Paul. Et si tu l’as reçu, pourquoi t’enorgueillir comme si tu ne l’avais pas reçu ? »

« Je m’efforce de mettre à sa juste place le travail musical : une préparation aussi complète que possible dans le cadre de mes obligations. Ayant accompli le possible, je remets ensuite à Dieu ce travail nécessairement imparfait, afin qu’il daigne le bénir et le faire fructifier. De même, je m’efforce de me délivrer du trac et de rester dans la paix, en priant avant chaque spectacle, jusqu’à ce que j’aie la certitude d’avoir obéi au précepte évangélique : Humiliez-vous sous la puissante main de Dieu…; déchargez-vous sur lui de tous vos soucis, car il prend soin de vous. »

« Il n’appartient pas à un artiste chrétien de souhaiter être élevé. En se gardant de tout désir de vaine gloire, on se débarrasse de la source principale du trac. »

« Enfin et surtout, il me paraît essentiel de me garder transparent devant Dieu, en confessant tout péché qui attristerait son Esprit Saint, et de prier pour que chaque personne du public perçoive à travers ma musique quelque chose de la beauté, de l’amour, de la paix du Seigneur. »

« Pour cela, je dois prier afin de ne pas être un obstacle, car la vanité, l’orgueil prétendument légitime de l’artiste est un chiendent toujours prêt à repousser… »

« L’expression musicale ne peut être dissociée de son « vecteur » humain. On joue comme l’on est, ce que l’on est ; la tricherie n’est pas possible. Le musicien chrétien sera donc perçu dans la vérité de son état spirituel réel. »

« Cela n’implique pas a priori un niveau technique élevé : des musiciens débutants peuvent faire ressentir la richesse de leur vie intérieure, alors que de grands virtuoses peuvent offrir des coquillages aussi splendidement nacrés que vides de toute richesse spirituelle – ou même humaine quelquefois. »

« Cependant, on prendra garde de ne pas suspecter toute « technicité » ; ni de glorifier l’ignorance et l’amateurisme sous le prétexte que l’Esprit suffit. Or, comme disent les Proverbes, le « manque de science n’est bon pour personne, et celui qui précipite ses pas tombe dans le péché » Que de fois, sous prétexte de spontanéité plus ou moins charismatique, on précipite ses pas en négligeant la discipline bénie de l’étude et le temps de la maturation ! »

« Sommes-nous toujours bien conscients de la majesté de Celui qui nous appelle ? »

« Célébrez Dieu en musique, célébrez-le ! » dit un psaume.
« Célébrez notre roi, célébrez-le ! Car le roi de toute la terre, c’est Dieu. Célébrez-le par le chant le plus beau ! »

 

Alfred Kuen et de Charles Eberli